LAMBERT Frédéric, Je sais bien mais quand même. Essai pour une sémiotique des images et de la croyance, Editions Non Standard, 2013

Note de synthèse

C’est un petit livre avec une idée fixe : les images sont des langues vivantes qui nous permettent de vivre ensemble. Autour des images qui sont de belles légendes, autour des mots qui les accompagnent, nous nous réunissons. Les récits que nous associons aux images que nous partageons se fabriquent dans le consentement collectif : il nous faut bien partager du commun et des lieux communs pour être en société. Et nous acceptons d’adhérer à ces légendes collectives si bien dessinées par le prêt-à-porter de l’image.
Ce petit livre, donc, sur les traces de l’anthropologie, de la psychanalyse, de la sémiologie et de la science politique, part explorer comment nous acceptons et participons aux légendes racontées par nos images. Or, c’est étrange : la compétence et l’intelligence du déni permettent au croyant un geste tout à fait astucieux. Devant l’image nous savons qu’elle est fabriquée, qu’elle a un auteur, qu’elle appartient à l’ordre d’un discours institutionnel, qu’elle porte en elle des intentions et des conventions, mais quand même nous la voulons vraie, naturelle, tombant du ciel de nos religions du moment, de nos cultes du présent. Alors, ce petit livre de grande poche (de ces poches où l’on peut mettre tout ce qui nous est cher...) opère une petite révolution qui ne plait pas à tout le monde. La croyance n’est plus un aveuglement, la croyance n’appartient pas aux registres de l’obscurantisme. Elle est ce travail, cette petite ruse quotidienne, cette nécessaire intelligence partagée où peuvent grandir et prospérer les Pères Noëls.
Et pour qui voudrait faire l’économie d’une lecture pourtant facile et singulière, nous donnons ici le petit couteau suisse de la croyance livré avec l’ouvrage : — Grande lame : il faut refuser la croyance de l’autre comme acquise, mais la considérer comme un petit arrangement entre lui et sa société.
- Tire-bouchon : il faut observer les sources anonymes ou collectives du récit historique ou du récit médiatique qui cautionnent la vérité supposée du mythe.
- Petite lame : il faut regarder comment le croyant navigue entre les récits de la fiction et les récits de la réalité.
- Ciseaux : il faut comprendre enfin à qui profite notre croyance.

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Sur l'auteur

Frédéric Lambert est professeur des universités à l’Institut français de presse, Université Paris 2. Il est directeur du Master Médias, langages et sociétés et du Laboratoire CARISM (Centre d’analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias).

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